vendredi 23 juillet 2010

Autisme : le complexe Systemizing/Empathising de S. Baron-Cohen

 A l'écoute : Blue Note TSF de Dexter Gordon

Dans Je suis né un jour bleu et Austisme : Malvoyance de l'E-motion.., nous avons abordé la question de l'autisme, des troubles de la sphère autistique (TSA). Peu après, une amie nous a relayé les travaux de Simon Baron-Cohen (et collègues) de l'ARC (Autism Research Centre de l'université de Cambridge) sur ces sujets. Nous nous sommes particulièrement intéressés aux tests d'auto-évaluation créés (puis repris en de nombreuses langues par d'autres professionnels) par cette équipe.

Les tests, c'est toujours évidemment réducteur mais cela permet de "faire" des statistiques, des analyses et de dégager des axes de compréhension d'un spectre complexe. Cela réduit une symptomatologie, cela permet de s'en saisir. En ce sens, c'est à la fois contraire à notre approche ici (la réduction) et à la fois en plein accord (la saisie). Cela reste un ou des modèles, des vues sur ce monde là, ni plus ni moins.
L'auto-évaluation est également une pratique que tout à chacun aime : cela ne sert pas à grand chose la plupart du temps mais c'est si drôle (enfin on rit jaune parfois) de se comparer aux autres dans la société ! Il reste à apprécier dans cet exercice le biais statistique engendré par "l'image de soi" : celui qu'on aimerait être ou celui qu'on croit être (consciemment + inconsciemment) versus celui qu'on est... Dans toute auto-évaluation, il faudrait également être relativement "bête" ou tout au moins très "focalisé" : cela permet d'éviter ce que nous appelons le "syndrome de l'ingénierie inverse" qui consiste au fur et à mesure de l'évaluation d'apprendre ou au moins de subodorer fortement  l'algorithme de conception du test : une telle connaissance biaise évidemment les résultats. Cela nous rappelle furieusement tous les jeux pratiqués solitairement (sans ordinateur !) (jeu de dames, d'échecs, etc..) où le gagnant est la même personne que le perdant (et vice versa).
Bref, et malgré tous ces avertissements, il nous est apparu qu'on peut toujours apprendre en s'amusant, et que des "choses" très "sérieuses" se découvrent d'ailleurs par ce biais là...



Commençons donc par les tests, sans la moindre explication ni préambule. Il s'agit de répondre à une batterie de questions afin de calculer un score qui permettra in fine de se situer dans un groupe.
Les tests d'origine en anglais se trouvent ici, il y en a pléthore et nous nous concentrons sur trois tests : Autism Quotient (AQ) pour adultes, Empathy Quotient (EQ) pour adultes et Systemising Quotient (SQ) pour Adultes. Un "aimable correspondant" a pris la peine de les regrouper sur cette page, avec les intervalles de scores constatés sur les populations témoins (travaux de recherche). Enfin, pour les plus francophiles ou moins-à-l'aise-avec-l'anglais, la même page en français. Le lecteur pertinent et perspicace remarquera de suite une différence notable : le test SQ se voit complété par un test SQ-R : il s'agit d'une révision du test d'origine étendu avec des questions au delà des mathématiques et des sciences; le test SQ se calcule comme le test EQ sur 80 points (60 questions chacun dont 40 seulement apportent au maximum 2 points) alors que le test SQ-R contient 75 questions et est validé sur 150 points. Pour comprendre en détail la teneur des recherches sur ce sujet précis, il est recommandé de réaliser le test SQ d'origine (en anglais) afin qu'il soit relié au test EQ mais réaliser le test SQ-R est aussi source de réflexion, bien que de confusion puisqu'il n'est pas comparable avec le test EQ en l'état ! Bref, à vos souris !

©lebihan.over-blog.com


Pour comprendre tout ceci, il est nécessaire enfin de revenir aux études elles-mêmes et aux articles publiés.

En premier, il faut sans doute revenir à l'article de 2002 qui explicite les deux axes principaux réduisant le spectre autistique : ce sont les notions de "systemising" et de "empathising".
"Empathising" est emprunté à Daniel Dennett et se rapprocherait en français de "empathie cognitive", terme incluant la reconnaissance d'états mentaux chez autrui, qu'ils soient liés à l'émotion ou non. En théorie de l'esprit (théorie dualiste), cette disposition empathique d'un individu est lié à l'intention, qui oppose donc le sujet vivant à l'objet non-vivant (toute recherche d'un algorithme qui permet de "reconnaitre" les états mentaux et/ou affectifs d'un individu par une machine se sert de cette théorie tout en l'étendant de fait : un ordinateur est il empathique pour autant que statistiquement (à 95% ?) il relie de manière exacte une image d'autrui avec une autre image d'autrui mise en mémoire ?). En bref, l'"empathising" nous permet de nous connecter à l'autre, à son expérience, de le connaître et de le re-connaître. Cette connaissance pouvant être à l'extrême vue comme un savoir sans "compréhension" nécessaire et préalable.
Pour S. Baron-Cohen (SBC), cette notion est clairement définie comme suit : "Empathising is a focused and narrowly defined domain, namely, understanding and responding to people’s minds" et dans sa théorie de l'autisme du "mindblindness", "Deficits in empathising are referred to as degrees of mindblindness." Il a par ailleurs montré une corrélation graduée entre autisme (spectre autistique) et déficits dans l'"empathising" par de nombreux tests. Mais cet axe explicite seulement 2 termes sur les 3 de la triade générique de L. Wing définissant le spectre autistique (voir Je suis né un jour bleu...déjà cité) : les troubles de la communication et des relations sociales en omettant ceux liés aux conduites à répétitions compulsives. Pour cette raison, SBC a mis en évidence un autre process qu'il a nommé : "Systemising".

"Systemising" peut s'approcher par "systématique" ou "méthodique" en français : on y voit la notion de système, de méthode, d'algorithme, en bref d'analyse et de construction conceptuelles pour comprendre et prédire les évènements. Le sens que nous leur donnons ainsi ne vient pas des états mentaux mais de règles, de paramètres pré-identifiés : il s'agit très précisément de déterminisme : "To put it succinctly, systemising entails an analysis of input-output relationships. Once all the inputs are known, the output of the system becomes totally predictable." A l'inverse de l'"empathising", S. Baron-Cohen a montré que l'autisme s'accompagne de performances plus élevées que la moyenne dans l'analyse et la compréhension de systèmes.
Ainsi, la théorie Systemising-Empathising de SBC montre que dans les TSA (syndrome Asperger y compris), un déficit sur un axe (empathising) s'accompagne d'un "excès" sur un autre axe (systemising). Ensuite, des études sur les familles (parents et ascendants d'enfants touchés par les TSA ou familles d'étudiants en science par exemple) montrent une forte prévalence entre intérêts et/ou métiers liés aux sciences (en général) et autisme et/ou Syndrome Asperger (AS) : cela démontre également une adaptation réelle sociale d'humains grâce au systemising performant et ce, bien que l'empathising soit déficitaire. Il est curieux ainsi de constater que malgré le fait que 2 critères sur trois (de la triade générique des TSA) soient éminemment sociaux, les familles "touchées" par les TSA s'adaptent souvent très bien socialement (études et métiers valorisants) grâce à leur performance en "systemising" !

Les tests dont nous avons parlé plus haut donnent donc, sur diverses populations, des scores, des moyennes de scores et des écarts types (sigma) à la moyenne de scores. Représenter tout ceci sur deux axes principaux  (S pour systemising et E pour empathising) permet in fine de définir 5 types de "modes de pensée" selon ce modèle : Type Equilibré (B pour Balanced brain) (lorsque EQ=SQ jusqu'à 1 sigma d'écart), Type E (lorsque EQ>SQ à +1 sigma), Type S (lorsque SQ>EQ à +1 sigma), Type E extrême (lorsque EQ>SQ à +2 sigma) et Type S extrême (lorsque SQ>EQ à +2 sigma). En fait, ce qui compte vraiment, c'est bien la "différence" entre les scores EQ et SQ eux-mêmes que les chiffres absolus : ainsi si EQ "score" à +2 sigma MAIS que SQ "score" à +3 sigma, l'ensemble réalise un écart à +1 sigma en faveur de SQ ce qui détermine un Type S. (voir les figures 1 p.47 et 2 p.48 de l'article de 2002 déjà cité). Pour de très amples et détaillées explications des auteurs eux-même sur ces tests, se référer aux articles correspondants : l'étude reportant les travaux sur EQ a été publiée en 2004; l'étude reportant les travaux sur SQ a été publiée en 2003.

Quels sont les résultats de ces analyses ?

Dès 1992, il a été montré une différence marquée sur le sexe : les femmes ayant généralement plutôt un Type E quand les hommes avaient généralement un Type S : on a ainsi parlé de "cerveaux" différents et sexués. Une étude de SBC de 2001 a même montré que cette différence s'exprimait dès la naissance (expérience sur des nouveaux nés d'un jour) !
Dès 1944 (Asperger), il a été montré une singularité dans les TSA (ce terme n'étant pas utilisé à l'époque !) qui coïncide avec un Type du modèle de SBC : le Type extrême S, correspondant essentiellement à des personnes de sexe masculin : c'est la théorie EMB (Extreme Male Brain). L'équipe de S. Baron-Cohen a débuté ainsi depuis 10 ans des études de cas pour détecter des individus ayant ce Type extrême S, qu'ils soient atteints de AS ou non.
La théorie opposée à l'EMB serait l'Extreme Female Brain (avec le Type extrême E) mais cela n'a pas encore été documenté; quelques auteurs ont spéculé également que le Type extrême E pourrait avoir un lien avec le syndrome de Williams mais cette question reste en débat. Il reste à démontrer le cas échéant que ce type pourrait avoir des conséquences pathologiques à l'instar de l'EMB, les sociétés étant finalement souvent plus tolérantes pour les déficits de "systemising" que pour les déficits en "empathising".

La théorie E-S (Empathising-Systemising) de S. Baron-Cohen a donc l'avantage par rapport à d'autres théories sur les TSA de pointer les faiblesses ET les forces des personnes atteintes. Avoir un systemising supérieur (comme un autiste), c'est une richesse et une qualité sociale adaptative même si cela a des conséquences. Ainsi, être au moins un Type S (voire extrême Type S), c'est comprendre très exactement les choses, souvent de manière littérale et précise et un tel type ne sait pas répondre à des questions "sociales" trop vagues, à réponses multiples ("Comment allez vous ?" "Où habitez vous ?" "Avez vous bien dormi ?") et une foule de détails "encombre" bien souvent les réponses de telles personnes d'autant plus que ce type possède un déficit relatif en empathising, donc ne sait pas évaluer correctement le contexte social et complexe de la demande (niveau de langage de l'interlocuteur, sens contextuel de la question etc ..).

En 2005, dans un autre article "Empathising and systemising in males, females and autism", l'équipe de S. Baron-Cohen montre en reprenant ces études déjà détaillées plus haut que ces deux axes E-S sont en fait complémentaires (au sens où leur couplage induit statistiquement une linéarité).
Les figures 1a et 1b p.3 illustrent la corrélation des deux axes SQ et EQ en fonction du sexe notamment et du diagnostic AS (Asperger) ou HFA (autisme de "haut niveau").
Ainsi, si les femmes obtiennent généralement des scores élevés à l'empathising, et les hommes au systemising, globalement (en réunissant les deux axes) les deux sexes ont finalement les mêmes performances donc les mêmes capacités cognitives ! (ouf!) " This leads to the gratifying conclusion that, overall, neither sex is superior." écrit SBC.
Les graphes 2a et 2b p.4 illustrent bien d'une part la corrélation des axes EQ et SQ avec le sexe et le diagnostic HFA et d'autre part, la très probable compensation neuronale entre SQ et EQ entre hommes et femmes. En revanche, la population HFA/AS, aussi bien hommes que femmes, se distingue et ne peut compenser sa grande faiblesse en empathising par sa grande force en systemising.
Sur la figure 3 p.5 nous retrouvons les 5 types de mode de pensée détaillés plus haut mais classés pourtant différemment selon les scores médians obtenus aux tests et non comme avant selon les moyennes et les écarts types standards des scores (voir tableau 1 p.5). Ainsi, la figure 3 est directement utilisable par les testeurs puisqu'il leur est possible de reporter leurs scores et de vérifier sans calcul dans quel groupe ils se trouvent.

Enfin, pour la population atteinte d'autisme et plus particulièrement celle ayant de hauts scores en systemising (AS et HFA), une nouvelle approche clinique a été entreprise : un apprentissage de reconnaissance d'états mentaux émotionnels par le biais d'images enregistrées sur DVD : une sorte d'encyclopédie d'émotions humaines (412 intensités émotionnelles différentes). Cet apprentissage va consister en fait pour eux à mémoriser une table de 412 "cases" à plusieurs entrées (catégorie d'émotion, âge de la personne etc etc.) : c'est ce que réussit très bien un individu performant en systemising !



En 2006, l'équipe de SBC a publié cet autre article: "Predicting  Autism Spectrum Quotient (AQ) from the Systemizing Quotient-Revised (SQ-R) and Empathy Quotient (EQ)" sur une étude qui examine les relations entre AQ, SQ et EQ.
Le Quotient de Spectre Autistique (AQ) a été développé en 1998, (voir étude publiée en 2001) afin de mesurer individuellement, par un critère synthétique, un ensemble de troubles autistiques pour des adultes à l'intelligence "normale" ou supérieure: une sorte d'indicateur sur l'échelle du "continuum autistique" (concept de L. Wing (1988) - voir Autisme : Malvoyance de l'E-motion déjà cité). Le résultat est que AQ est un critère pertinent pour caractériser "rapidement" dans la population un individu adulte atteint de TSA. Il ne s'agit pas d'un diagnostic nous rappelle SBC mais d'un indicateur. Aussi la coupure fixée à AQ>32 (sur 50) comme représentative d'une population AS/HFA n'est cependant pas le critère principal qui va diagnostiquer un individu "scorant" à + 35 par exemple : avoir un score élevé pour AQ ne permet pas de poser un diagnostic pour l'autisme SI aucune souffrance n'est à déplorer ! Ainsi, parmi les étudiants de Cambridge pris pour étalonner le test, 80% de ceux qui ont "scoré" à +32 avaient des critères retenus au DSM-IV pour l'autisme mais ne souffraient d'aucun désagrément social donc n'étaient pas diagnostiqués comme "autistes". (voir les tables en annexe de l'article pour les moyennes et écarts types standards).
Concernant le SQ, il est apparu que les 60 questions étaient très centrées sur des domaines où "traditionnellement" les hommes "performent" plus que les femmes et comme les résultats à ce test confirmaient la prévalence des hommes sur les femmes, il y avait donc un biais possible. C'est pourquoi a été conçu le test révisé dit SQ-R incluant 15 questions de plus sur des domaines plus étendus, au-delà des sciences, des mathématiques ou de la physique. Les résultats montrent les mêmes corrélations sur SQ-R que sur SQ, à savoir des liens entre systemising et sexe et sujets d'études supérieures (sciences physique, biologie, sciences sociales ou littérature) : les femmes ont des scores inférieurs aux hommes (bien que ces scores soient proportionnellement mieux distribués sur SQ-R que sur SQ : + de femmes obtiennent de hauts scores avec SQ-R) et globalement, les personnes ayant fait des études en sciences ont aussi des scores plus élevés que ceux ayant fait des études littéraires.
Un des buts de l'étude de 2006 a été d'obtenir un modèle linéaire de prédiction de AQ en fonction des scores de EQ et SQ-R (2 variables covariantes) mais seul le sexe a été retenu comme facteur principal sauf pour les individus atteints d'autisme (ASC) où ce dernier critère n'est pas significatif.  Cette étude démontre cependant que les caractères autistiques d'une personne sur le continuum dépendent de ses scores en empathising et systemising. Enfin, il est suggéré par le groupe des individus atteints d'ASC que l'autisme provoque en quelque sorte une "hyper-masculinisation", ce que l'on constate ensuite par les scores SQ-R, EQ et AQ, il reste à relier cela avec un mécanisme biologique (voir étude sur le taux de testostérone du fœtus en 2005).
Ensuite, il a été recalculé avec SQ-R les 5 différents "territoires" correspondant aux 5 types de modes de pensée (voir plus haut); une nouvelle carte (figure 2 p.52) a été établie où chaque testeur peut ainsi avec SQ-R reporter directement son score et se situer. Un apport notable de SQ-R est très certainement de mieux représenter les femmes dans l'ensemble des groupes même si la "hiérarchie" par rapport aux hommes est inchangée : il y a ainsi 20% de femmes en Type S contre 16% avec le test SQ et même 0,9% de Type extrême S (contre 0% avec le SQ). En revanche, par rapport aux premières études sur SQ qui tendaient à montrer une sorte de compensation entre hommes et femmes sur EQ et SQ, cela n'est pas le cas ici et les données recueillies démontrent une indépendance entre les deux variables systemising et empathising (avec SQ-R et EQ). Mais cette question reste toujours à étudier sur un échantillon plus large et représentatif de la population générale.

La théorie E-S couplée à l'EMB (biais masculin de l'autisme) semble donc une théorie validée par les nombreux tests effectués sur plusieurs années et sur plusieurs milliers de personnes au total. Les tests développés à cette occasion sont donc non seulement "divertissants" mais également scientifiquement opératoires et pertinents ! Ainsi, chacun peut, en auto-diagnostic, se tester et comparer ses scores aux tableaux récapitulatifs pour se situer dans un des groupes de "modes de pensée" pré-définis. ( voir La Théorie E-S : Vade Mecum pour AQ !).


Il nous reste une question : quel est le couplage de la théorie E-S avec le Q.I. ?

A maintes reprises, dans ses diverses publications, S. Baron-Cohen expose que les tests sont élaborés pour une population avec un QI moyen, c'est-à-dire clairement au-dessus de 85 (échelle de Wechsler). La moyenne des groupes (par sondage d'un échantillon de l'échantillon (!)) se situe souvent autour de 105 de QI (sd = 8). SBC remarque dans une de ses publications qu'il devra s'intéresser aux populations avec des QI inférieurs en adaptant les tests déjà élaborés : ce qui demandera certainement une démarche heuristique complète et non une simple adaptation marginale...
Ensuite, il a été remarqué à plusieurs reprises en testant les étudiants que les disciplines d'étude avaient un lien significatif dans les scores : les scientifiques ayant en général un SQ ou SQ-R plus élevé que les littéraires. Mais aucun lien n'a été démontré avec le QI de ces populations. Enfin, de manière générale, aucune étude n'a été faite par cette équipe sur les hauts QI (supérieur à + 2 sigma au minimum) tels qu'on peut en rencontrer intensivement dans les sociétés ad hoc ( voir Considérations sur les HPI..). Il serait très certainement pertinent de tester un échantillon de candidats issus de telles sociétés, au moins MENSA par exemple au vu de sa représentation statistique dans la population générale. Nous savons déjà par d'autres études, parfois anciennes, que chez ces populations de HPI ou THPI, il existe une forte corrélation positive avec certains troubles psychiatriques. La difficulté reste cependant technique : faire passer un test de QI standardisé nécessite un investissement d'où le "désintérêt" très certainement d'intégrer cet indicateur dans des études de population. Mais quand le test a déjà été passé et validé par la société ad hoc (et les procédures de MENSA par exemple peuvent certainement rester suffisantes ), le scientifique peut être rassuré...!
Enfin, tel que nous le suggère N. Lygéros dans un de ses très nombreux articles sur l'intelligence (déjà cité), il existe un isomorphisme certain entre la dé-ficience et la sur-efficience, aussi, travailler sur un concept de tests adaptés à une population peut très bien s'enrichir par la réflexion sur l'autre population : ce serait tout le sens d'une démarche heuristique réussie sur ce sujet précis.

3 commentaires:

Le Passeur a dit…

Etude intéressante, qui permet de valoriser certains porteurs de troubles du comportements différemment de ce que l'on a pu faire auparavent. Sans doute est-ce mon approche littéraire des choses qui me fait rester prudent sur des raccourcis mettant difficilement les variables cultures et phénotypes en équation. On voit fleurir de nombreux tests en suicidologie, addictologie....S'ils sont de précieux outils ils n'en restent pas moins inféodés à l'expérience du clinicien qui, comme d'autres avant lui, ont appris à faire la part belle ...à la relativité!

Laurent LAVIGNE a dit…

Je retiens pour ma part la mise en relation (la "relativité") suivante de ces études de S. Baron-Cohen : la continuité de tout phénomène qui relie sur un même axe (en l'espèce les TSA) le "bien-portant" du "malade". En ce sens, la rupture proposée entre ces deux contradictoire supposés et hypothétiques est beaucoup plus signifiante que la discontinuité qu'elle "semble" exposer à la vue commune...Dit autrement, il serait sain pour tout à chacun de com-prendre son prochain (l'autre!) grâce à ce qui nous relie et non nous sépare...

Le Passeur a dit…

Bonne base de travail pour cesser de souffrir de ce qui ne nous appartient pas... Approved